Soigner aujourd'hui, c'est être pauvre demain

L'Allemagne compte près de trois millions de personnes nécessitant des soins. Environ deux tiers d'entre eux ont la chance d'être pris en charge par un proche dans leur environnement habituel. Ce sont à 64% des femmes qui se consacrent à cette tâche importante. Un tiers d'entre elles travaillent en parallèle. Mais pour la majorité d'entre elles, un emploi n'est plus possible en raison de la charge de travail. Susanne Hallermann, de l'initiative "Armut durch Pflege" de l'association "wir pflegen e. V.", nous explique ce qu'il faut alors faire.

Pflegen kann arm machen© fotolia

Il n'est pas rare que les soignants dépendent de Hartz IV et soient constamment à la limite de leurs possibilités. Ils ne peuvent rien verser pour leur propre prévoyance vieillesse et font face à un avenir financier incertain. Même la réforme des soins du début de l'année n'apporte pas vraiment d'amélioration : les aidants reçoivent toujours beaucoup trop peu et ne sont donc pas suffisamment protégés à la retraite. Mais ils ne doivent pas porter leurs soucis seuls. Différentes associations sont à leurs côtés, comme "wir pflegen e. V.", un groupe de pression national qui s'engage pour plus de reconnaissance, plus de soutien et de sécurité financière pour les aidants familiaux.

Quels sont les problèmes auxquels les aidants sont confrontés ?
"Hormis le manque d'argent, il s'agit d'une surcharge émotionnelle et physique et d'un manque d'informations. Organiser les soins à domicile - se concerter avec l'employeur, demander des aides, structurer le quotidien et maîtriser la bureaucratie - demande beaucoup d'énergie et de temps. Il est donc important de disposer de points de contact indépendants et de conseils à domicile".

Où les proches aidants peuvent-ils trouver du soutien ?
"Auprès des centres de soins locaux, des associations sociales, des centrales de consommateurs, des services de conseil en soins de la commune ou de la caisse de soins. Les conseillers se rendent également au domicile des familles sur demande. Le meilleur soutien reste toutefois l'échange avec d'autres personnes concernées. Elles ont souvent des indications plus précieuses que les aides professionnelles".

Comment l'initiative aide-t-elle à lutter contre la pauvreté liée aux soins ?
"En collaboration avec les personnes concernées, nous portons le sujet dans les médias et auprès du public et formulons des exigences à l'égard des politiques. Sur notre site web, nous proposons de nombreuses informations de fond importantes".

Quelles sont les prestations de l'État pour les aidants ?
"Les personnes dans le besoin ont droit à une allocation de soins après avoir été classées dans un grade. Les demandes sont faites auprès de la caisse de soins. Les proches reçoivent des cotisations de retraite et de chômage à partir d'un certain nombre d'heures de soins et sont assurés contre les accidents. Les soins d'empêchement et les soins de courte durée offrent un soulagement, par exemple en cas de maladie personnelle".

Quels sont les coûts auxquels les proches doivent s'attendre ?
"Les prestations de l'assurance dépendance ne couvrent qu'un tiers. La charge principale du financement des soins est supportée par les familles. Si l'on tient compte de la durée moyenne des soins, qui est de neuf ans, c'est une des raisons de la spirale de la pauvreté dans laquelle se trouvent de nombreuses familles soignantes."

Que faire si la caisse ne prend pas en charge les prestations ?
"La seule solution est de faire opposition. C'est un obstacle bureaucratique qui demande de l'énergie, mais qui est souvent couronné de succès. De nombreux proches utilisent leur adhésion à des associations sociales pour faire valoir leurs droits".

Que peuvent faire les aidants pour eux-mêmes afin de supporter la charge émotionnelle ?
"Il est important de connaître les options de décharge et de soutien, d'en faire la demande et de les utiliser. Pour beaucoup, il est utile d'échanger des informations avec des personnes qui souffrent de la même maladie. Les offres en ligne et un réseau social sont ici importants, précisément parce que l'on ne peut souvent plus guère mettre le nez dehors dans la situation de soins actuelle".