
Aujourd'hui, c'était leur dixième anniversaire de mariage et Bernd s'attendait à ce qu'ils suivent le programme habituel. Commander une table chez Rossario et ensuite le sexe obligatoire et sans passion. Bernd s'en fichait. Il s'était résigné à ce que le grésillement érotique de son mariage ait disparu.
Depuis que la progéniture était née, les choses n'allaient de toute façon plus très bien dans la chambre à coucher conjugale. Le chef de service avait trouvé d'autres moyens d'assouvir sa faim sexuelle. L'entreprise était suffisamment grande pour lui offrir un terrain de chasse suffisant. Il trouvait toujours des dames consentantes prêtes à s'engager dans une aventure volontaire et douteuse avec lui. Bernd n'appréciait pas les aventures longues et compliquées. Pour lui, le numéro "ex et hop" était le nec plus ultra. Jusqu'à présent, Sabine n'avait rien remarqué de ses petits débordements amoureux. Ou peut-être que si ?
Réfléchissant et légèrement alarmé, Bernd remarqua où son appareil de navigation l'emmenait. Il s'approcha d'une zone industrielle délabrée et dirigea la Benz vers le site d'une usine abandonnée. Soupçonneux et prudent, il suivit les repères que sa femme avait placés pour lui. De toute évidence, elle le guidait vers un ancien atelier de production.
Bernd se sentit soudain mal à l'aise dans sa peau. La curiosité du début avait fait place à la peur. Il s'attendait à ce que sa femme ait découvert ses nombreuses aventures d'un soir et qu'elle veuille le confronter. Le fait que cela se passe justement sur le terrain d'une usine vide et abandonnée a tué dans l'œuf ses espoirs d'une discussion paisible.
Pendant un bref instant de choc, il pensa que Sabine l'avait attiré ici pour l'abattre. Des perles de sueur se formèrent sur son front. Il ne se sentait plus du tout bien dans sa peau. La peur semblait l'étreindre d'une griffe glacée et comprimer son cœur. Il avait du mal à respirer. Le stress auquel il se soumettait montrait clairement ses effets.
Comme sous l'effet d'un choc électrique, Bernd tressaillit lorsque le signal sonore de son téléphone portable retentit. Bien que la voiture ne roulât qu'au pas, un freinage d'urgence immobilisa brusquement le véhicule. Bernd saisit nerveusement son téléphone. La tension intérieure le poussait à se battre avec le petit appareil technique. Il lui semblait impossible de l'ouvrir et de lire le message qu'il venait de recevoir. Il s'essuya rapidement les yeux pour retrouver une vision claire.
"Descends et viens à l'étage supérieur. Dépêche-toi".
Bernd était au bord de la crise cardiaque lorsqu'il lut le SMS. Pour lui, il ne faisait plus aucun doute que Sabine savait tout. Il croyait savoir que le jour des comptes était arrivé et qu'il allait devoir rendre des comptes. Mais fallait-il absolument que cela se passe le jour de leur mariage ? Bernd haussa les épaules. Au fond, ce jour était fait pour ça. Après tout, il lui avait juré une fidélité éternelle dix ans auparavant. Quel moment pouvait être plus approprié que celui-ci ?
Bernd devait prendre une décision. Devait-il prouver qu'il était un homme et oser affronter le monstre, ou devait-il plutôt faire preuve de courage et s'enfuir en courant ? Bien que sa voix intérieure lui criât d'opter pour la deuxième solution, Bernd ouvrit la portière de la voiture et sortit.
Il prit une profonde inspiration et essaya de se donner du courage intérieurement. Cela ne pouvait en aucun cas être aussi grave que ce qu'il avait imaginé dans ses rêves les plus terribles. Que pouvait bien faire Sabine face à lui ? Elle était physiquement inférieure à lui. Tout ce qu'il avait à craindre, c'était une scène ridicule et la demande hystérique d'un divorce. En aucun cas, il n'y aurait de violences physiques. Ce serait tout à fait ridicule.
Bernd avait retrouvé sa forme d'antan et s'amusait à l'idée que sa femme puisse lui donner une fessée. Le sourire complice sur son visage montrait clairement que cette pensée ne lui était pas désagréable. Enfin quelque chose de différent. D'un pas léger, il trouva son chemin vers l'étage par les vieux escaliers sales.
Une pièce presque vide l'accueillit. C'était sans doute ici que se trouvaient autrefois les bureaux. Mais il n'y avait plus rien de visible. Les murs avaient été abattus et il ne restait plus qu'un étage ouvert.
Il n'était pas tout à fait vrai que la pièce était complètement vide. Au milieu se trouvait un vieux bureau sur lequel une lampe allumée diffusait sa lumière trouble. Derrière, il y avait une chaise de bureau et, à une certaine distance, une chaise de visiteur. A son grand étonnement, Bernd ne vit aucune trace de sa Sabine. Il sursauta à nouveau lorsqu'il entendit le signal sonore de son téléphone portable. Dans ce bâtiment austère, le son résonnait avec une intensité disproportionnée. Bernd ouvrit rapidement l'appareil.
"Assieds-toi sur la chaise des visiteurs et attends".
Bernd sentit à nouveau la peur monter en lui. Il résista à l'invitation.
"Sabine, c'est ridicule. Qu'est-ce que tu attends de moi ? Viens te montrer".
Il s'était efforcé de donner à sa voix un ton ferme, mais la mauvaise acoustique du bâtiment détruisit l'effet escompté. Bernd se retourna dans l'espoir d'apercevoir sa femme.
Son téléphone portable retentit à nouveau.
"ASSIEDS-TOI !"
Bernd céda. Il s'assit à contrecœur sur la chaise du visiteur et eut le sentiment indéfinissable d'être à la merci de quelqu'un.
Les pas des talons aiguilles résonnaient bruyamment. L'inquiétude de Bernard grandissait, mais il ne voulait rien laisser paraître et restait assis, figé. Bien que cela lui soit difficile, il ne se tourna pas dans la direction d'où provenaient les bruits de pas. Sabine s'approcha de lui par derrière. Bernd expira profondément lorsqu'elle se pencha vers lui et lui souffla à l'oreille d'une voix séduisante.
Avant même que Bernd ne comprenne ce que Sabine voulait dire, il sentit les menottes se refermer sur ses poignets. Bernd voulait se plaindre. Mais avant qu'un seul mot ne franchisse ses lèvres, Sabine s'était placée devant lui et lui avait mis un doigt sur la bouche. Étonné, Bernd la regarda et garda le silence. Il attendait de voir. Il voulait voir ce qu'elle avait en tête.
Lentement, Sabine s'éloigna à reculons de son Bernd. Dans son regard, il y avait quelque chose qui lui manquait depuis longtemps : la passion!
Sabine atteignit le bureau et s'assit sur le bord. Elle regarda Bernd dans les yeux, comme si elle cherchait la dernière confirmation pour mettre son plan à exécution. Lentement, elle fit disparaître sa main dans la poche de son trench-coat. Ce n'est que maintenant que Bernd remarqua qu'elle portait ce manteau et fit automatiquement le lien avec les films policiers classiques des années 50. Cependant, il ne s'attendait plus à ce qu'elle cache un pistolet dans sa poche et qu'elle le pointe sur lui. Non, Sabine avait manifestement de toutes autres intentions.
La femme s'amusa de la réaction d'effroi de son mari. Bernd sursauta instantanément. Les premiers sons de la chaîne stéréo retentirent. La musique s'échappait des haut-parleurs à un volume relativement élevé.
Mais ce n'était plus qu'un détail. L'attention de Bernd était entièrement tournée vers Sabine. Elle s'était élégamment détachée du bord du bureau et commençait à danser de manière provocante. Dans une scène de danse bien rodée, elle ouvrit lentement son manteau et laissa entrevoir son corps nu.
Sabine renonça à enlever son manteau. Au lieu de cela, elle l'utilisait comme un jouet. Elle n'était jamais entièrement nue. Bernd ne pouvait toujours qu'apercevoir des détails et Sabine était la metteuse en scène de son désir croissant. Elle agitait habilement son manteau. Ses provocations se multipliaient. Avec une légèreté qui semblait ludique, elle s'allongea sur le bureau et lança ses jambes en l'air. Pendant un moment bref mais inoubliable, le regard de Bernd se posa sur le pubis de sa femme. La pellicule brillante lui révélait sa propre excitation.
S'il était honnête, il n'avait plus regardé le milieu de sa femme depuis un temps impardonnable. Mais ce bref instant suffisait à lui rappeler tous les jeux sexuels sauvages et fous du passé. Bernd dut constater avec douleur que son désir ne serait pas assouvi pour le moment. L'érection qui tentait de se redresser dans son pantalon de costume en était empêchée par le slip bien ajusté. Sabine semblait ne rien remarquer de son désespoir, ou alors elle passait outre. Elle s'approcha de Bernd en titubant de manière provocante et se plaça devant lui. Le manteau ouvert lui permit d'apercevoir ses seins pleins et une vue courte et excitante sur le triangle de Sabine.
Il aurait aimé l'attraper par les hanches et l'attirer vers lui. Le désir de Bernd était à son comble. Il voulait sa femme. Ici et maintenant ...
Sabine se retourna et lui présenta son dos. Elle se pencha en avant, dévoilant ainsi ses fesses nues et sa bouche de Vénus.
Son mari expira violemment. La vue lui donna le change.
Voir le vagin de Sabine prêt à l'amour devant lui le rendait sauvage.
Il tira sur ses liens sans se retenir et ne remarqua pas au début qu'il ne faisait que les resserrer. L'attention de Bernd se concentrait uniquement sur la séduction rouge devant lui. Il devait tout simplement avoir sa femme !
Sabine semblait avoir deviné ses pensées. Lentement, elle se débarrassa de son manteau et se retrouva entièrement nue devant lui. Le regard de Bernd s'embrasa. Comme des mains caressantes, ses yeux glissaient sur chaque centimètre de son corps nu. Que donnerait-il pour qu'elle libère enfin son pénis de son pantalon de costume et s'assoie lentement sur lui ! Il avait l'impression de pouvoir déjà sentir le creux chaud de sa féminité.
Bernd poussa un soupir lorsque Sabine se glissa lentement vers lui et prit effectivement place sur ses genoux habillés. Elle était si près de lui qu'il pouvait percevoir son parfum. C'était l'odeur d'une femme qui tremblait de désir.
Bernd s'efforça désespérément de placer ses lèvres autour des mamelons durs qui se trouvaient si près de lui. Mais malgré tous ses efforts, il n'y parvenait pas.
L'excitation sexuelle de Bernd demandait à être satisfaite. Il avait du mal à contenir son excitation et il insista auprès de Sabine pour qu'elle le libère. Elle devait défaire ses menottes pour qu'ils puissent enfin s'unir. Il lui promit une expérience aussi inoubliable que celle qu'elle lui avait déjà offerte.
Bernd se vantait d'être le garant d'un point culminant qui la ferait hurler. Il ne mâchait pas ses mots et tentait sans cesse de toucher ses seins avec ses lèvres.
Tendrement, Sabine nue se pressa contre lui et lui souffla sensuellement à l'oreille.
"Je ne pense pas que tu puisses tenir cette promesse. Je sais par tes autres maîtresses que tu es une grande déception au lit".
Rapidement, elle balança son torse en arrière et lui rendit son regard incrédule. Il ne comprenait toujours pas tout à fait ce qui venait de se passer. Il continuait à croire qu'il pouvait faire tourner sa femme en bourrique.
Soudain, sans que Bernd ne s'y attende, elle pressa son visage entre ses seins. Elle se retira rapidement et regarda son mari d'un air sérieux.
"Ceci, mon cher, est la seule chose que tu auras de moi ce soir".
Irrité, il la dévisagea.
"Tu crois vraiment que je n'aurais pas remarqué comment tu m'as trompé pendant toutes ces années ? Aujourd'hui, pour notre dixième anniversaire de mariage, je voulais juste te faire prendre conscience une fois de plus de ce que tu as dédaigné pendant tout ce temps. Sois honnête, tu me trouvais ennuyeux et pourtant tu t'es langui de moi tout à l'heure".
Bernd se contenta de hocher la tête. Il était incapable de parler.
"Que l'expérience d'aujourd'hui te serve de leçon".
Elle lui lança un regard sombre.
"Je peux aussi faire autrement".
Lentement, elle descendit de ses genoux, se pencha devant lui de manière provocante et ramassa le trench-coat. Puis elle accrocha nonchalamment le manteau à un doigt et laissa tomber le vêtement sur son dos.
Elle se tourna à nouveau vers lui et lui offrit une vue imprenable sur son corps bien dessiné.
"Au fait, tu n'es pas le seul à avoir fait une infidélité".
Bernd essaya de tourner la tête dans la direction d'où il entendait de nouveaux pas se rapprocher de lui. Mais cela lui était impossible. Il devait attendre.
Mais il ne fut pas longtemps mis au supplice. Le mystérieux personnage ne se contenta pas de se placer à côté de Sabine, mais la prit affectueusement dans ses bras et se blottit amoureusement contre elle.
Les yeux de Bernd s'agrandirent.
"Claudia ?"
Incrédule, il souffla le nom de sa secrétaire. Bernd ne comprenait pas encore vraiment ce qu'elle faisait là. Mais lorsque les deux femmes s'embrassèrent sous ses yeux, il comprit lui aussi.
Sa femme et son ex-ex-maîtresse n'avaient pas seulement conspiré contre lui, elles avaient manifestement une liaison ensemble.
Mais le pire de la vengeance restait à venir pour Bernd. Les deux femmes lui tournèrent le dos, laissant l'homme ligoté et désespéré seul.
"Joyeux anniversaire de mariage!" par Kristel Kane, tiré de "Le désir de vengeance" édité par : ORION / Éditions Carl Stephenson