
Mais dans une relation ? Surtout si l'autre déborde de désir ? L'absence de désir peut alors être une source de conflits. Car plus l'un a envie, moins l'autre a envie. Ou inversement : Moins l'un a de désir, plus l'autre est pressé. Le partenaire actif ne se sent soudain plus accepté, voire plus du tout aimé, tandis que le partenaire sans désir se sent harcelé et a l'impression de ne pas être vraiment visé. Comme si l'autre ne cherchait qu'à satisfaire ses besoins physiques.
Une impasse typique. Rien ne va plus. On se met mutuellement de plus en plus au pied du mur. Et il semble que le partenaire le plus pressant soit responsable de la situation et que le partenaire sans désir n'y soit pour rien. Quand le désir est parti, il est parti. On ne peut rien y faire. Mais est-ce vraiment le cas ? Ou n'y a-t-il pas une autre façon de voir les choses ?
Le sadisme conjugal tout à fait normal
Ne pas avoir envie de faire l'amour, de se rapprocher physiquement de son partenaire, ne semble en effet être une attitude passive qu'à première vue. Car ce n'est pas comme si celui ou celle qui n'a pas de désir n'y pouvait rien. Bien au contraire : l'absence de désir peut aussi être le signe d'une résistance active. Le sexothérapeute David Schnarch parle à ce propos du "sadisme conjugal tout à fait normal". Si tu ne me donnes pas ce que je veux, tu n'auras pas non plus ce que tu veux.
"Non", nous nous révoltons ! "Pas moi !" Les bras croisés, la tête penchée vers le sol et en tapant du pied. "Je ne ferais jamais ça ! C'est vraiment puéril !" Bel exemple, n'est-ce pas ? Et que dire, je l'ai déjà fait. Si nous faisons une introspection, nous trouvons probablement tous un petit indice de cette forme de refus du plaisir. Si mon ou ma partenaire ne m'aide pas dans les tâches ménagères, il ou elle n'obtient pas non plus de plaisir oral. Il ou elle ne m'a de nouveau pas écouté(e), donc je ne réponds pas non plus à ses désirs au lit. C'est aussi simple que cela. Souvent, nous ne sommes même pas conscients de ce mécanisme. Et il n'est pas toujours facile d'en découvrir les tenants et aboutissants.
Des modèles de comportement enfantins
D'où vient ce comportement ? C'est l'enfant en nous qui se défie. Nous répétons de vieux schémas de l'enfance. Schnarch appelle cela le côté répugnant de nous-mêmes. Il écrit que nous "torturons tous ceux que nous aimons, tout en faisant semblant de ne pas nous en rendre compte". Et cela surtout dans le couple. C'est peut-être parce que c'est là que nous sommes le plus vulnérables.
Ce comportement ne se joue d'ailleurs pas uniquement dans les relations amoureuses. Les parents aussi arrivent un jour à un point où ils privent leurs enfants de leur attention. Entre amis ou collègues de travail, il arrive également que nous refusions activement quelque chose ou que nous nous refusions nous-mêmes. D'ailleurs, cela nous permet d'attirer davantage l'attention. En effet, avec un peu de chance, nous sommes au centre de l'attention, alors que tous les autres essaient de nous faire changer d'avis. Les résistants ont ainsi le pouvoir de décider de ce qui va et de ce qui ne va pas. Ce n'est pas la manière la plus fine, mais l'attention négative semble parfois préférable à l'absence d'attention.
Être adulte signifie prendre ses responsabilités.
Que faire ? La prochaine fois que vous vous trouvez dans une telle situation, faites une introspection et réfléchissez à ce qui se passe vraiment.
- Qu'est-ce qui se cache derrière ce manque d'envie ?
- Qu'est-ce que vous ressentez à ce moment-là ?
- N'avez-vous vraiment pas envie ou VOULEZ-VOUS simplement ne pas avoir envie ?
Ce dernier point est très différent.
Que voulez-vous obtenir par votre comportement ? S'il s'agit de faire changer le comportement de votre partenaire, il devrait y avoir d'autres moyens que de lui retirer l'attention sexuelle. De quelles possibilités disposez-vous pour résoudre le conflit ? Comment l'adulte en vous agirait-il ? En suivant ces réflexions, vous pouvez prendre la responsabilité de vous-mêmes. Réfléchissez à qui vous faites vraiment du mal par votre comportement. Car au final, vous vous privez vous-même d'une partie de votre vitalité.
Anja Drews - Educatrice sexuelle diplômée pour ORION
Source : Schnarch, David. La psychologie de la passion sexuelle. Piper Verlag GmbH : 11e édition 2011, à partir de la p. 363