Pourquoi ne vient-elle pas ?
Il dit : " Ils sont au lit. Il se démène. Il la pénètre avec son pénis, encore et encore et encore. Il la regarde d'abord dans les yeux avec impatience, puis avec agacement. Elle gémit, cela semble donc lui plaire. Mais le doute s'installe. Si cela lui plaît tant, pourquoi ne vient-elle pas un jour ? Après tout, il veut qu'elle soit heureuse. Avec lui aussi, c'est si simple. Il y a longtemps qu'il aurait pu venir. Et aussi vouloir venir. Par égard pour elle, il se retient. Peut-être une autre position? Hop, elle s'agenouille d'abord devant lui, puis s'assoit sur lui, jusqu'à ce qu'ils reviennent à la position du missionnaire. Et il pousse, pousse, pousse. Lentement, il n'a plus envie. Pourquoi ne pourrait-elle pas simuler un orgasme ? Il ne le remarquerait même pas, pense-t-il. Et pourtant, il serait satisfait. Il ne poserait certainement pas de questions. Ce qu'il ne sait pas ne l'excite pas.
Elle : en revanche, elle aimerait qu'il jouisse enfin et mette fin à tout cela. Elle l'aime et aime avoir des rapports sexuels avec lui. Du sexe, mais pas seulement des rapports. Dedans, dehors. Dedans, dehors. Cela a commencé par les caresses habituelles, la main sur sa poitrine, la main dans son pantalon, le doigt sur sa vulve. Elle aime ça, surtout quand il prend son temps. Comme c'est agréable de sentir ses doigts entre ses lèvres d'amour, comment ils glissent le long de celles-ci, les pétrissent légèrement et les pressent. Comment un doigt la pénètre à un moment donné, caressant son point G avec des mouvements aguicheurs. Elle aime aussi sa langue entre ses lèvres d'amour, cette sensation chaude et douce. Elle se tortille alors dans l'extase et sent que l'orgasme se rapproche de plus en plus. Mais avant d'en arriver là, il lui retire ses doigts et sa langue et la pénètre à la place avec son pénis. Celui-ci est à son tour beaucoup moins tendre et sensible. Même si c'est tout de même agréable. Et pendant ce temps, son orgasme s'éloigne.
Qu'est-ce que le sexe ?
Vous connaissez ? C'est à peu près ainsi que se déroule le sexe hétérosexuel dans de très nombreuses rencontres. Un peu de ceci, un peu de cela et ensuite, inévitablement, le rapport sexuel. Limité donc à ce qui est supposé être l'essentiel. Mais qu'est-ce qui est essentiel dans le sexe ? Qu'est-ce que le sexe en général ? "Ma copine ne jouit pas pendant l'amour". C'est l'une des questions les plus fréquemment posées dans les consultations sexuelles. Quelle image avez-vous en tête ? En quoi ne jouit-elle pas ? Et est-ce qu'elle ne jouit vraiment pas ? Ou est-ce qu'elle ne jouit pas pendant le rapport ? Le sexe est-il seulement un rapport ? Soudain, tout le reste ne compte plus : qu'en est-il du sexe anal? Du sexe par téléphone ? Du sexe oral? Du self-sex ? La masturbation mutuelle ? Qu'en est-il du sexe lesbien? Partout, les femmes peuvent jouir. Mais pourquoi tout cela ne compte-t-il pas lorsqu'il s'agit de "sexe" ? Pourquoi seul l'orgasme lors d'un rapport vaginal compte ?
C'est ainsi que les choses se passent. Lorsque nous parlons de sexe et de jouissance, nous pensons généralement aux rapports vaginaux. Du moins chez les couples hétérosexuels. Et nous disons alors que les femmes ont des difficultés à le faire. Quelle connerie ! Elles n'ont aucune difficulté ! Elles ne fonctionnent juste pas de la même manière que les hommes. Mais ce que les hommes aiment, les femmes devraient aussi l'apprécier. Et c'est vrai que c'est amusant. Mais pas de point culminant. Mais au lieu de nous mettre à la recherche d'autres possibilités de plaisir, nous continuons à fouiller ici, au sens propre du terme. Plus longtemps, plus fort, plus vite, peut-être que ce n'est pas la bonne position, peut-être qu'elle n'est pas d'humeur, peut-être qu'il n'y arrive pas. Et nous nous déchirons mutuellement et finissons par faire semblant, pour le bien de la paix.
Il suffit de changer de point de vue
Les femmes ne fonctionnent tout simplement pas comme le veut le protocole sexuel général. Alors que pouvons-nous faire ? Continuer à réfléchir, à faire de la thérapie et à nous mettre la pression ? Ou bien changer simplement de point de vue et reconnaître que les hommes et les femmes sont tout de même différents ? Et pourtant, nous ne le savons pas seulement depuis Loriot. Mais au moins, nous ne sommes pas compatibles dans notre technique d'orgasme. Du moins pas tant que nous n'aurons pas abandonné l'approche masculine de la pénétration vaginale et que nous n'aurons pas reconnu qu'il existe d'autres moyens communs et tout à fait équivalents d'atteindre le sommet du plaisir. Nous avons depuis longtemps élevé le sexe au rang de forme de communication et l'avons soustrait à la reproduction. Il n'y a que pour l'orgasme féminin que nous persistons encore aujourd'hui à utiliser la bonne vieille technique de reproduction.
Anja Drews - Educatrice sexuelle diplômée pour ORION
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